Terres d'Evangile / Passion /La crucifixion

 
 
 La Croix arbre de vie
Le vœux des hommes est d’échapper à la souffrance et à la mort et ils prêtent cet compétence aux divinités qu’ils adorent. Or le Fils de Dieu prend les épreuves des hommes de face, ne se soustrait à aucune, mais les transforme en occasions de faire confiance au Père et de pardonner aux meurtriers. Par là l’instrument de son supplice devient arbre de vie, axe d’un monde nouveau et source de bénédictions pour toute l’humanité.
 

Citations :Paul Ricoeur
Jérome, Ve siècle
Athanase, IVe siècle
Jean Chrysostome, Ve siècle
Hymne de Venance Fortunat, Vème siècle


 
Paul Ricoeur
“le dieu crucifié” dans Le pouvoir du mal, Bernard Bro, Cerf, Paris, 1976

“La crucifixion historique ainsi comprise devient “l’événement eschatologique du jugement” et “l’anticipation du Royaume”. La résurrection, en effet est résurrection d’entre les morts: c’est par là qu’elle se rapporte à la croix et que l’eschatologie s’articule à l’histoire. C’est pourquoi Jean peut dire, dans un raccourci saisissant, que Jésus a été glorifié sur la croix. Mais c’est dans la mesure où la gloire de Dieu a été crucifiée en Lui et rendue ainsi manifeste dans ce monde injuste... Le Dieu qui ressuscite le Christ d’entre les morts est le Dieu qui était crucifié. Ainsi est-il rendu justice au mot de l’apôtre Paul dans 2 Co 5, 19: “Dieu était en Christ.”
 


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Jérome, Ve siècle
C’est là cet Abel qui est conduit par son frère dans un champ pour y être immolé, Isaac chargé du bois de son sacrifice Abraham qui trouve le bélier pris dans un buisson, Joseph avec le songe de sa gerbe et sa robe teinte de sang Moïse avec sa verge et le serpent suspendu à un poteau de bois. C’est là cette grappe qui était portée dans l’arche de bois; c’est Elisée cherchant le fer d’une cognée avec un morceau de bois, et voyant accourir le fer vers le bois du fond de l’eau, c’est-à-dire le genre humain plongé dans l’abîme par un bois, l’arbre de La défense, et renageant vers le paradis par le bois de La croix du Christ et par le baptême de l’eau. C’est Jonas envoyé pour trois jours sous la mer et dans le ventre de la baleine, par le bois, par le sort qui devait sauver le navire de bois. (...)
En ce lieu le salut nous apparaît sous la forme d’un arbre. Le premier arbre fut l’arbre de la science du bien et du mal: le second n’est l’arbre que du bien, et il est aussi l’arbre de la vie. La main étendue vers le premier arbre avait saisi la mort: les mains étendues sur le second arbre retrouvent la vie qui était perdue. C’est sur ce bois que nous sommes portés vers la terre des vivants au travers de cette mer houleuse; c’est par cette croix que nous sommes affranchis de notre peine, c’est cette mort qui tue notre mort. C’est par la forme d’un serpent que le serpent est tué; car c’est par la verge changée en serpent que sont anéantis les autres serpents. L’apparence de la croix, que nous désigne-t-elle si ce ne sont les quatre parties du monde? Le haut signifie l’orient; le nord est marqué par le bras de droite, le midi par celui de gauche, l’occident par la base fixée au sol. D’où l’Apôtre: “Afin que nous sachions quelles sont la hauteur, et la largeur, et la longueur, et la profondeur.” Les oiseaux, en s’élevant vers les airs, prennent la forme d’une croix; l’homme, en nageant, est porté par cette forme sur les eaux; le vaisseau reçoit le souffle du vent dans des ailes qui offrent cette forme; la lettre “tau” nous figure, ce signe de notre salut.
 


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Athanase, IVe siècle
Le Seigneur a a livré son corps dans l’endroit même où le genre humain était déchu, afin que l’incorruptibilité prit naissance là même où avait été semée la corruption; c’est pour cela qu’il est, crucifié à l’endroit du Calvaire; car il est dit: “Arrivés au lieu appelé Calvaire, ils le crucifièrent.” Les docteurs des Juif disent que c’était là le sépulcre d’Adam.
 


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Jean Chrysostome, Ve siècle
Commentaire de l’évangile de saint Luc

Le Sauveur n’est pas, venu pour triompher de sa propre mort (car étant la vie, il n’avait point il redouter la mort), mais pour détruire la mort de l’homme; c’est pourquoi il n’a pas quitté, son corps en mourant lui-même; mais il’a été mis à mort par les hommes. Si son corps avait été malade et si on l’avait vu se dissoudre il eût été étrange que celui qui guérissait les infirmités d’autrui eût la maladie dans son propre corps. Ali contraire, si après être mort dans la solitude la solitude sans aucune maladie, il s’était présenté de, nouveau, on n’aurait pas cru au récit de sa résurrection, car il faut mourir avant de ressusciter. Pourquoi donc aurait-il annoncé publiquement sa résurrection après une mort secrète? Si ces choses s’étaient passées dans l’ombre, que de mensonges les hommes n’eussent-ils pas inventés pour refuser de croire? Comment salirait-on la victoire du Christ sur la mort, s’il ne l’eût subie au grand jour et s’il n’eût prouvé, par l’incorruption de son corps, qu’il l’avait détruite? Mais direz-vous: Il aurait dû au moins chercher une mort glorieuse et éviter l’ignominie de la croix. S’il avait agi ainsi, il se serait rendu suspect comme s’il n’avait pas puissance contre toute espèce de mort. De même donc qu’ un athlète qui, renversant l’adversaire que lui oppose un ennemi, montre qu’il est le plus fort de tous; de même celui qui est la vie de tous a voulu subir sur la croix lit mort ignominieuse que lui infligent ses ennemis (ils la croyaient infâme), afin qu’après avoir triomphé de celle-là, l’empire de la mort fût anéanti. Il n’est point décollé comme Jean, ni mutilé comme Isaïe afin que son corps demeure entier et indivisible dans la mort, et qu’il ne serve point de prétexte à ceux qui voudraient diviser l’Eglise. De plus, il voulait porter la malédiction que nous avions encourue par nos péchés, en acceptant une mort maudite (celle, de, la croix), selon cette parole: “Lhomme qui est pendu au bois est maudit.”
 


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Hymne de Venance Fortunat, Vème siècle
La croix bénie rayonne: sur elle, en sa chair, fut suspendu
Et de son propre sang lava nos plaies.
Sur elle, devenu par amour notre douce victime,
Il arracha ses brebis à la gueule du loup. Agneau sacré,
Les mains percées, c’est là qu’il racheta le monde de sa perte
Et, par son propre trépas, barra le chemin à la mort.
Qui arracha Paul au péché, Pierre à la mort.
Arbre doux et noble, sois puissant par ta fécondité,
Puisque tes branches portent des fruits encore inconnus.
A ton parfum nouveau, les corps des défunts se lèvent.
Et reviennent à la vie ceux qui étaient privés du jour.
Sous le feuillage d’un tel arbre, la chaleur ne brûlera plus personne,
Ni la lune, la nuit, ni le soleil, le jour
Tu te dresses , tour brillante, sur les bords des cours d’eau,
Et tu déploies tes frondaisons émaillées de fraîches fleurs.
Entre tes bras s’enlace la Vigne, d’où coule pour nous
En abondance le doux vin qui a la rougeur du sang.
 


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  Documents associés : 
Lieu : 
La Chapelle de la Croix
St-Sépulcre
Texte de l'Evangile : 
Luc 23, 33-38
Matthieu 27, 32-37
Marc 15, 21-32
Jean 19, 17-21
Clés de Lecture : 
La Croix arbre de vie
Symboles : 
L’arbre de vie
La figuration de la croix
Expérience humaine : 
Echapper à la mort
Accomplissement des Ecritures : 
Le serviteur souffrant