|  | | | La manifestation de la divinité du Christ Les trois apôtres choisis par le Christ l’ont accompagné au Thabor, comme plus tard au Jardin de Oliviers. Le secours de Dieu prévient l’effort de l’homme: pour une fois au Thabor, la grandeur du Fils de Dieu n’est pas voilée par l’Incarnation et c’est afin de réconforter ceux qui seront témoins des conséquences les plus cruelles de l’abaissement du Fils de Dieu: l’agonie au Jardin des Oliviers. | |

| |  Léon le Grand, Ve siècle Sermon 38 (51), 2-3.5 Il était d’ailleurs nécessaire que les apôtres conçoivent dans leur coeur cette fermeté forte et bienheureuse et qu’ils ne tremblent pas en face de la dureté de la croix qu’ils devaient assumer; il fallait qu’ils ne rugissent pas du supplice du Christ, ni qu’ils estiment comme une honte la patience par avec laquelle le Christ devait subir sa Passion sans pour autant perdre la gloire de sa puissance. Ainsi Jésus prit avec Lui Pierre, Jacques et Jean, son frère (Matthieu 17,1), et après être monté avec eux sur une montagne écartée, il se manifesta à eux dans la splendeur de sa gloire; en effet bien qu’ils eussent compris que la majesté de Dieu était en Lui, ils ignoraient encore la puissance contenue en ce corps qui cachait la Divinité. Voici pourquoi il avait promis d’une façon claire et nette que “certains parmi les disciples n’auraient pas connu la mort avant d’avoir vu le Fils de l’homme venir dans son règne” (Matthieu 16,28), c’est-à-dire dans la splendeur royale qui voulait rendre visible à ces trois hommes, d’une façon qui convenait à la nature humaine qu’il avait assumée. En effet en ce qui concerne la vision ineffable et inaccessible de la Divinité en elle-même, vision qui est réservée aux coeurs purs (Matthieu 5,8) dans la vie éternelle, des êtres qui étaient encore revêtu de chair mortelle n’auraient pu d’aucune façon ni la contempler ni la voire. Le Seigneur dévoile donc sa gloire à la présence de témoins choisis et illumine cette forme mortelle d’une splendeur telle que son visage devient semblable au soleil et ses vêtements sont comparables à la blancheur de la neige (Matthieu 17,2). Sans doute la Transfiguration avait surtout comme but celui d’enlever du coeur des apôtres le scandale de la croix, afin que l’humilité de la Passion volontairement subie ne vienne pas troubler la foi de ceux auxquels l’excellence de la dignité cachée aurait été révélée. Avec une même prévoyance, il donnait aussi en même temps un fondement à l’espérance de la Sainte Eglise, de façon à faire connaître au corps du Christ de quelle transformation il aurait été gratifié, et afin que les membres puissent se forcer de participer à l’honneur dont le Chef avait resplendi. A tel propos, le Seigneur lui-même avait dit, en parlant de la majesté de sa venue: “Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père (Mt 13,43); et l’apôtre bienheureux affirme la même chose en ces termes: “J’estime en effet que les souffrances du temps présent ne soient pas comparable à la gloire dont nous seront revêtu” (Romains 8,18); et encore: “En effet vous êtes morts et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu; quand le Christ sera manifesté, Lui qui est votre vie, vous aussi vous serez manifestés avec Lui dans la gloire”, Col 3, 3-4.
Le Seigneur ne répondit pas à la proposition de Pierre de dresser trois tentes. Il ne voulait pas montrer que ce désir était mauvais, mais seulement qu’il était déplacer; le monde, en effet, ne pouvait pas être sauvé sinon par la mort du Christ et l’exemple du Seigneur invitait la foi des croyants à comprendre que, sans douter du bonheur promis, il faut toutefois au milieu des tentations de cette vie, demander la patience avant la gloire; le bonheur du royaume ne peut pas en effet, précéder le temps de la souffrance.
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| |  Jean Damascène, VIIe-VIIIe siècle Homélie sur la transfiguration 2, 3, 13, 17-18 Aujourd’hui se manifeste ce que des yeux de chair ne peuvent voir : un corps terrestre rayonnant de la splendeur divine, un corps mortel manifestant la gloire de la divinité. Car la Parole s’est faite chair et la chair Parole, bien que celle-ci ne soit pas sortie de la nature divine. Le Thabor jubile et se réjouit, montagne divine et sainte... car elle rivalise en grâce avec le ciel. Là, les apôtres choisis voient le Christ dans la gloire de son Royaume. Là, la résurrection des morts est manifestée à leur foi et le Christ se montre Seigneur des morts et des vivants, lui qui fait paraître Moïse d’entre les morts et qui prend pour témoin des vivants Elie, le cocher au souffle de feu. Là, les chefs des prophètes prophétisent encore, annonçant l’exode du Seigneur à travers la croix. Jadis au Sinaï, la fumée, la tempête, la ténèbre et le feu effrayant annonçaient que le donateur de la Loi était inaccessible, lui qui, comme une ombre, ne se laissait voir que de dos... Mais maintenant tout ruisselle de lumière et de clarté.
Tandis que s’accomplissent ces choses, et pour que le Christ soit révélé comme Seigneur de l’ancienne et de la Nouvelle Alliance, pour que soit crue la résurrection des morts et pour que celui qui reçoit le témoignage du Père soit reconnu Seigneur des morts et des vivants Moïse et Elie se tiennent comme des serviteurs aux côtés du Seigneur de gloire. Par les Apôtres, leurs compagnons dans le service, ils sont vus parlant avec lui...
Jadis, Moïse entrait dans la nuée divine, indiquant le caractère d’ombre de la Loi. C’est Paul qui écrit : “La Loi est l’ombre des choses à venir, non la vérité elle-même.” Et, alors, Israël ne pouvait regarder intensément la gloire pourtant passagère du visage de Moïse; mais, nous, le visage découvert, nous contemplons comme dans un miroir la gloire du Seigneur, “transformés de gloire en gloire comme par l’Esprit du Seigneur”. C’est pourquoi une nuée, non plus de ténèbres, mais lumineuse, les couvrit de son ombre. Car le mystère caché dès avant les siècles et les générations est révélé et la gloire véritable se manifeste... Et une voix sortit de la nuée disant : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le” : Celui-ci qui est homme et qui est vu tel, qui, hier, est devenu homme, qui humble, a conversé avec nous, dont maintenant la face resplendit, celui-ci est mon Fils bien-aimé d’avant tous les siècles.
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| |  Cyrille d’Alexandrie, IVe-Ve siècle Homélies sur la Transfiguration, 9 Peut-être le bienheureux Pierre, ayant cru que l’avènement du règne de Dieu était arrivé, a-t-il désiré demeurer sur la montagne, car il a dit qu’il fallait dresser trois tentes, ne sachant ce qu’il disait (Luc 9,33). Car ce n’était pas le temps de la fin du monde, et ce n’est pas dans le temps présent que les saints jouiront de l’espérance qui leur a été promise. Car saint Paul affirme : Il transfigurera nos pauvres corps à l’image de son corps de gloire (Philippiens 3,21), celui du Christ.
Puisque le plan de salut n’était pas encore achevé, n’étant qu’à son commencement, il n’était pas possible que le Christ, venu par amour dans le monde, renonce à vouloir souffrir pour lui. Car il a gardé la nature humaine pour subir la mort dans sa chair, et la détruire par sa résurrection d’entre les morts.
D’ailleurs, outre ce spectacle étonnant et mystérieux de la glorification du Christ, il s’est produit quelque chose de nécessaire pour confirmer la foi en lui, non chez les disciples seulement, mais aussi chez nous. Du haut du ciel se fit entendre la voix de Dieu le Père, qui disait : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour: écoutez-le (Matthieu 17,5)!
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