Terres d'Evangile / Vie publique /La tentation du Christ

 
 
 Il n’y a pas un Dieu du Mal qui essayerait de lutter avec le Dieu du Bien
Cet événement de la vie du Christ placé entre son baptême et son premier miracle à Cana est introduit par une retraite et un jeûne prolongé. Il est un prologue à la mission du Christ car il montre que il n’y a pas un dieu du mal qui essayerait de lutter avec le dieu du bien, puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu, mais que c’est la vérité révélée par Celui-ci, sa Parole qui détruit le mensonge par lequel Satan cherche à nuire à Dieu à travers les hommes.
 

Citations :Grégoire le Grand
Ambroise de Milan, IVe siècle
Augustin (354-430)


 
Grégoire le Grand
Homélies sur l’évangile 16, 1-6

L’étude du déroulement de la tentation du Seigneur montre avec quelle ampleur nous sommes, quant à nous, libérés de la tentation. Le diable s’est attaqué au premier homme, notre parent, par une triple tentation: il l’a tenté par la gourmandise, par la vanité et par la cupidité. Sa tentative de séduction a réussi, puisque l’homme, en donnant son consentement, fut alors soumis au diable. Il l’a tenté par la gourmandise, en lui montrant sur l’arbre le fruit défendu et en l’amenant à en manger; il l’a tenté par la vanité, en lui disant: Vous serez comme des dieux; il l’a tenté enfin par la cupidité, en lui disant: Vous connaîtrez le bien et le mal (Gu 3, 5). Car être cupide, c’est désirer non seulement l’argent, mais aussi toute situation avantageuse. On a raison de dire que c’est être cupide que de désirer, au-delà de la mesure, une situation élevée...
Le diable a été vaincu par le Christ qu’il a tenté &une manière tout à fait semblable à celle par laquelle il avait vaincu le premier homme. Comme la première fois, il le tente par la gourmandise: Ordonne que ces pierres se changent en pains; par la vanité: Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas; par le désir violent d’une belle situation, quand il lui montre tous les royaumes du monde et lui dit: Tout cela, je te le donnerai, si tu tombes à mes pieds et m’adores...
Il est une chose, mes frères très aimés, qu’il nous faut remarquer, dans la tentation du Seigneur: tenté par le diable, le Seigneur a riposté par des textes de la Sainte Ecriture. Il aurait pu rejeter son tentateur dans l’abîme par le Verbe qu’il était lui-même; et pourtant il n’a pas eu recours à son puissant pouvoir; il a seulement mis en avant les préceptes de la Sainte Ecriture, nous montrant ainsi comment supporter l’épreuve, de manière que, lorsque des gens méchants nous font souffrir, nous soyons poussés à recourir à la doctrine plutôt qu’à la vengeance. Comparez la patience de Dieu à notre impatience. Nous, quand nous avons essuyé des injures ou subi une offense, dans notre fureur nous nous vengeons nous-mêmes autant que nous le pouvons; ou bien, si nous ne le pouvons, nous menaçons de le faire. Le Seigneur, lui, endure l’adversité du diable sans y répondre autrement que par des mots bienveillants...
La suite mérite aussi d’être remarquée: Alors le diable le quitta. Et voici que des anges s’approchèrent, et ils le servaient. Voilà qui montre bien la double nature de l’unique personne du Christ. C’est un homme que tente le diable; mais cet homme est Dieu, et ses anges le servent. Sachons donc reconnaître notre nature en lui: si le diable n’avait pas vu un homme, il ne l’aurait pas tenté. Sachons aussi adorer sa divinité: si, en tant que Dieu, il ne surpassait pas tout, les anges ne l’auraient absolument pas servi.
Ce passage de l’Évangile convient parfaitement à la présente époque liturgique, puisqu’il nous apprend que le jeûne de notre Rédempteur a duré quarante jours et que nous commençons, nous aussi, ce temps de la Quarantaine, c’est-à-dire du Carême... Que chacun, selon l’inspiration de sa vertu, maîtrise son corps, réfrène ses désirs, détruise ses plaisirs honteux, afin de devenir, comme le dit Paul, une hostie vivante (Rm 12, 1), une hostie à la fois immolée et vivante, puisque l’homme, sans quitter cette vie, se détruit pourtant dans ses désirs charnels. Quand elle est satisfaite, notre chair nous entraîne au péché maîtrisons-la pour qu’elle revienne au pardon... Que personne ne s’imagine cependant que ce jeûne peut suffire à lui seul. Dieu dit par son prophète: Ne savez-vous pas le jeûne qui me plait? et il ajoute: Partager ton pain avec l’affamé, héberger les pauvres sans abri, vêtir celui que tu vois nu et ne pas te dérober devant celui qui est ta propre chair (Is 58, 6-7). Voilà le jeûne qu’approuve Dieu, un jeûne qui présente à son regard des mains pleines d’aumônes, un jeûne réalisé dans l’amour du prochain, un jeûne tout pétri de bonté. Ce dont tu te prives toi-même, donne-le donc à un autre... C’est manger et boire pour soi que d’absorber sans les partager avec les pauvres les aliments destinés à notre corps (ce sont des dons du Créateur à la communauté des hommes). De même, c’est jeûner pour soi que de se priver pour un temps, en ne donnant pas aux pauvres le bénéfice de ses privations, mais en le mettant de côté pour se l’offrir plus tard.
 


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Ambroise de Milan, IVe siècle
Traité sur l’Evangile de S. Luc 2,15

Quarante jours: vous reconnaissez un nombre mystérieux. C’est le nombre des jours où se répandirent les eaux des abîmes, il vous en souvient; et c’et quand le prophète eut été sanctifié par un jeûne d’autant de jours que fut accordée la faveur d’un ciel serein, 1 R 19,8; c’est par un jeûne d’autant de jours que Moïse le saint a mérité de recevoir la Loi; c’est le nombre des années où nos pères, vivant au désert, obtinrent le pain des anges et le bienfait d’une nourriture céleste, et ce n’est qu’une fois accompli le temps marqué par ce nombre mystérieux qu’ils méritèrent d’entrer dans la Terre promise; c’est par autant de jours où le Seigneur jeûne que s’ouvre à nous l’entrée de l’évangile. Si donc quelqu’un souhaite acquérir la gloire de l’évangile et le fruit de la résurrection, il ne doit pas se dérober à ce jeûne mystérieux, que Moïse dans la Loi et le Christ en son évangile nous montrent, par l’autorité des deux Testaments, être l’épreuve authentique de la vertu.
 


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Augustin (354-430)
Enarrationes in Psalmos 60,2

Pourquoi ai-je crié cela? “Pendant que mon coeur était dans l’angoisse”, Ps 60,3. Il montre dans ce verset qu’il se trouve en grande gloire parmi tous les gens et dans tout le monde; bien qu’il soit au milieu de grandes épreuves. En effet notre vie en cet exile ne peut pas être sans épreuves, et notre progrès se fait à travers la tentation. Personne ne peut se reconnaître jusqu’à ce qu’il n’est pas tenté; de la même façon que personne ne peut recevoir la couronne si ce n’est après la victoire, victoire qui ne peut pas être sans lutte contre un ennemi et les tentations. Le Christ fut certainement tenté par le diable, mais dans le Christ c’était toi même qui était tenté. Tienne était en effet la chair que le Christ avait prise afin que tu reçois de lui le Salut. Il avait pris pour soi la mort, qui était tienne, pour te donner la vie; c’est de toi qu’il avait pris sur lui-même les humiliations, afin que tu reçoive de lui la gloire. Ainsi il a pris de toi la tentation et il l’a fait sienne, afin que par son don tu emportes la victoire. Si nous sommes tentés en lui, c’est aussi en lui que nous sommes vainqueur du diable. Tu te préoccupes parce que le Christ a été tenté, et tu ne considères pas qu’il a vaincu? En lui c’est toi qui as été tenté, en lui c’est toi qui remportes la victoire. Reconnais-le! Il aurait pu tenir le diable loin de lui; mais, s’il ne s’était pas laissé tenter, il ne t’aurait pas enseigné à vaincre quand tu es tenté.
 


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  Documents associés : 
Lieu : 
Le Mont de la Quarantaine
Texte de l'Evangile : 
Luc 4, 1-13
Clés de Lecture : 
Il n’y a pas un Dieu du Mal qui essayerait de lutter avec le Dieu du Bien
Symboles : 
Le diable
Expérience humaine : 
La réponse à la tentation
Accomplissement des Ecritures : 
La réponse du Christ aux tentations humaines