Terres d'Evangile / Paraboles /Le bon Samaritain

 
 
 C’est le Christ crucifié qui est le plus proche de tout homme
La parabole du Bon Samaritain ne propose pas des modèles de bonnes œuvres sociales mais elle explique comment le Christ nous sauve. Il ne s’agit pas de secours qui laissent les hommes extérieurs l’un à l’autre, mais de la reconnaissance de la valeur exceptionnelle de chacun parce qu’il est aimé par le Christ.
 

Citations :Saint Vincent de Paul, XVIIe siècle
Clément d’Alexandrie
Ambroise de Milan, IVe siècle


 
Saint Vincent de Paul, XVIIe siècle
“Au temps de st-Vincent-de-Paul.... et aujourd’hui 1581-1981”, animation Vincentienne, Bordeaux, 1981

“Servant le pauvre, dit-il aux Filles de la Charité, on sert Jésus-Christ... Vous servez Jésus-Christ en la personne des pauvres et cela est aussi vrai que nous sommes ici. Une sœur ira dix fois le jour voir les malades, et dix fois par jour elle y trouvera Dieu... Allez voir les pauvres forçats à la chaîne, vous y trouverez Dieu; servez ces petits enfants (abandonnés), vous y trouverez Dieu... vous allez en de pauvres maisons, mais vous y trouvez Dieu.” (IX, 252.) (...)

“Il y a une certaine compagnie - je ne me souviens pas du nom - qui appelle les pauvres nos seigneurs et nos maîtres, et ils ont raison. Oh! que ce sont de grands seigneurs au ciel! Ce sera à eux d’en ouvrir les portes, comme il est dit dans l’Évangile. Voilà donc ce qui vous oblige à les servir avec respect, comme vos MAITRES, et avec dévotion, parce qu’ils vous représentent la personne de Notre Seigneur, qui a dit: “Ce que vous faites au plus petit des miens, je le tiendrai fait à moi-même” (X, 3 3 2).

 


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Clément d’Alexandrie
Quis dives 27-29

Qui est ce Samaritain sinon le Sauveur lui-même? Qui est celui qui nous fais miséricorde, à nous, qui sommes presque tués par les puissances des ténèbres qui nous infligent les blessures de nos peurs, désirs, fureurs, tristesses, fraudes, plaisirs? Seulement Jésus est le médecin de ces blessures; c’est lui qui déracine les vices; lui qui panse avec le vin de son sang (de la vigne de David) les âmes blessées ; lui qui du cœur de l’Esprit tire l’huile et le répand largement. C’est lui qui tient fermement les liens du salut: la charité, la foi, l’espérance.
 


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Ambroise de Milan, IVe siècle
Traité sur l’Evangile de S. Luc 7, 73-84 sur Luc 10, 30-37

Telle est la simple vérité historique. Considérée plus à fond, elle révèle d’admirables mystères. Jéricho est en effet la figure de ce monde, où, chassé du paradis, c’est-à-dire de la Jérusalem céleste, Adam est descendu par la déchéance de sa prévarication, passant de la vie aux enfers : c’est le changement non pas de lieu, mais de moeurs, qui a fait l’exil de sa nature. Bien changé de l’Adam qui jouissait d’un bonheur sans trouble, dès qu’il se fut abaissé aux fautes du monde, il rencontra des larrons; il ne les aurait pas rencontrés, s’il ne s’y était exposé en déviant du commandement céleste. Quels sont ces larrons, sinon les anges de la nuit et des ténèbres, qui parfois se travestissent en anges de lumière (2 Corinthiens 11,14), mais ne peuvent s’y tenir? Ils nous dépouillent d’abord des vêtements de grâce spirituelle que nous avons reçus, et c’est ainsi qu’ils ont coutume d’infliger des blessures : car si nous gardons intacts les vêtements que nous avons pris, nous ne pouvons ressentir les coups des larrons. Prenez donc garde d’être d’abord dépouillé, comme Adam a d’abord été mis à nu, dépourvu de la protection du commandement céleste et dépouillé du vêtement de la foi: c’est ainsi qu’il a reçu la blessure mortelle à laquelle aurait succombé tout le genre humain, si le Samaritain n’était descendu pour guérir ses cruelles blessures.
Ce n’est pas le premier venu que ce Samaritain : celui qu’avaient dédaigné le prêtre, le lévite, Il ne l’a pas dédaigné à son tour. Ne méprisez pas non plus, à cause de ce nom de secte, Celui qu’en interprétant ce nom vous admirerez: car le nom de Samaritain signifie gardien: telle est sa traduction. Qui est ce gardien ? N’est-ce pas Celui dont il est dit: “Le Seigneur garde les petits” (Ps 114,6) ? De même donc qu’il y a un Juif selon la lettre, un autre selon l’esprit, il y a aussi un Samaritain du dehors, un autre caché. Donc ce Samaritain qui descendait - “qui est descendu du ciel, sinon Celui qui est monté au ciel, le Fils de l’homme, qui est au ciel” (Jean 3,13)? - voyant cet homme à demi mort, que personne jusque-là n’avait pu guérir (comme celle qui avait un flux de sang et avait dépensé toute sa fortune en médecins), s’est approché de lui, c’est-à-dire en acceptant de souffrir avec nous s’est fait notre proche et, en nous faisant miséricorde, notre voisin.
“Et il pansa ses blessures, en y versant de l’huile et du vin.” Ce médecin a bien des remèdes, au moyen desquels il a coutume de guérir. Sa parole est un remède : tel de ses discours ligature les plaies, un autre les fomente d’huile, un autre y verse le vin; Il ligature les plaies par tel précepte plus austère, Il réchauffe en remettant le péché, Il pique comme avec le vin en annonçant le jugement.
“Et il le plaça, dit-il, sur sa monture.” Ecoutez comment Il vous y place : “Il porte nos péchés et souffre pour nous” (Isaïe 53,4). Le Pasteur aussi a placé la brebis fatiguée sur ses épaules (Luc 15,5). Car “l’homme est devenu semblable à une monture” (Ps 48,13): alors Il nous a placés sur sa monture, pour que nous ne soyons pas comme le cheval et le mulet (Ps 31,9), pour supprimer les infirmités de notre chair en prenant notre corps.
Enfin Il nous a conduits à l’écurie, nous qui étions montures : l’écurie est le lieu où aiment à se retirer ceux qui sont lassés d’un long parcours. Donc le Seigneur a conduit à l’écurie, Lui qui relève de terre l’indigent et retire le pauvre du fumier (Ps 112,7).
“Et il a pris soin de lui”, de crainte que malade il ne pût observer les préceptes qu’il avait reçus. Mais ce Samaritain n’avait pas le loisir de demeurer longtemps sur terre : il Lui fallait retourner au lieu d’où Il était descendu.
Aussi “le jour suivant” - quel est cet autre jour? Ne serait-ce pas celui de la résurrection du Seigneur, celui dont il est dit: “Voici le jour que le Seigneur a fait” (Ps 117,24)? - “Il tira deux deniers et les remit à l’hôtelier, et il dit : prenez soin de lui.”
Qu’est-ce que ces deux deniers? Peut-être les deux Testaments, qui portent empreinte sur eux l’effigie du Père éternel, et au prix desquels sont guéries nos blessures. Car nus avons été rachetés au prix du sang (1 Pierre 1,19), afin d’échapper aux ulcères de la mort finale. L’hôtelier donc, c’est celui qui a dit: “Le Christ m’a envoyé prêcher l’évangile” (1 Corinthiens 1,17). Les hôteliers sont ceux auxquels il est dit: “Allez dans le monde entier, et prêchez l’évangile à toute créature”: et “quiconque croira et recevra le baptême, sera sauvé” (Marc 15,16) : oui, sauvé de la mort, sauvé de la blessure qu’on infligée les larrons.
C’était donc le bon hôtelier de cette écurie dans laquelle l’ânesse a reconnu la crèche de son maître, Isaïe 1,3, et dans laquelle on renferme les troupeaux des agneaux, de crainte que les loups rapaces qui grondent près des parcs n’aient un facile accès dans la bergerie.
Il promet donc de rendre la récompense. Quand reviendrez-vous, Seigneur, sinon au jour du jugement? Car bien que vous soyez partout sans cesse, vous tenant au milieu de nous sans être vu de nous, il y aura cependant un moment où toute chair vous verra revenir.
Vous avez bien promis qu’au ciel les bons auront une abondante récompense; pourtant vous rendrez encore, quand vous direz : “C’est bien, bon serviteur; puisque vous avez été fidèle aux petites choses, je vous confierai beaucoup; entrez dans la joie de votre Seigneur”, Mt 25,21.
Puis donc que nul n’est plus notre prochain que Celui qui a guéri nos blessures, aimons-Le comme Seigneur, aimons-Le aussi comme proche : car rien n’est si proche que la tête pour les membres. Aimons aussi celui qui imite le Christ; aimons celui qui compatit à l’indigence d’autrui de par l’unité du corps. Ce n’est pas la parenté qui rend proche, mais la miséricorde; car la miséricorde est conforme à la nature : il n’est rien de si conforme à la nature que d’aider celui qui participe à notre nature.
 


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  Documents associés : 
Lieu : 
Jéricho
Texte de l'Evangile : 
Luc 10, 25-37
Clés de Lecture : 
C’est le christ crucifié qui est le plus proche de tout homme
Symboles : 
Le service
Expérience humaine : 
La ressemblance, source de sympathie
Accomplissement des Ecritures : 
En quoi consiste le salut?