|  La mort de Jésus Les chrétiens ont reconnu dans les trois heures que le Christ a agonisé sur la croix, le sommet du combat de la vie contre la mort. La liturgie des premiers siècles résume cette conviction dans des termes très forts:
“Le Christ innocent a réconcilié l’homme pécheur avec le Père.
La mort et la vie s’affrontèrent en un duel prodigieux
Le maître de la vie mourut, vivant, il règne” (Victimae paschali laudes, Hymne de la fête de Pâques)
Et il se trouve que les dernières paroles du Christ sur la croix manifestent les étapes de cette réponse à l’espérance de toute l’humanité.
A ce titre chaque évangéliste a présenté celles des dernières paroles du Christ qui résumait à ses yeux tout le message du Christ. Jean qui était au pied de la croix a entendu le Messie fonder son Eglise en confiant celle-ci à Marie, en reconnaissant que tout est accompli du dessein de Dieu. Matthieu détaille en renvoyant aux Psaumes familiers des juifs les souffrances du Christ, les railleries des passants, sa propre déréliction, les signes apocalyptiques qui entourent l’instant de la mort du Messie et entraînent la conversion des témoins. Ceux-ci sont en effet convaincu parce qu’ils voient ainsi l’accomplissement des prophéties messianiques de l’Ancien Testament. En effet la mort du Christ, comme sa résurrection ne sauraient être comprises hors de la révélation dont Dieu seul peut avoir l’initiative. Après que Jésus a expiré, Matthieu rapporte que le symbole même de la présence de Dieu dans le peuple juifs, le rideau du temple, se déchire de haut en bas, que la nature elle-même est bouleversée, la terre tremble, les rochers se fendent. Ce sont ces signes qui éclairent les prophéties connues par les hommes au pied de la croix: “Ils furent saisis d’une grande frayeur et dirent: ‘Vraiment celui-ci était le Fils de Dieu.’” Le Père se rend témoignage par la création, par son action dans l’histoire, dont il fournit l’explication par les textes inspirés aux écrivains sacrés tout au long de la Bible. Luc a surtout retenu l’heure du pardon universel et ses conditions. Etrangement au moment même où le Christ est fixé à la croix, il est reconnu par un criminel comme celui qui a les clés du royaume de Dieu et il lui en promet l’accès quelque soit son passé. Au moment où il souffre le supplice le plus cruel de l’antiquité, il implore le pardon de ses persécuteurs: au bon larron le Christ ouvre le Paradis, pour les autres qui ne reconnaissent pas leur état de pécheurs, il demande le pardon du Père.
Malgré sa toute puissance, puisqu’il peut pardonner, le Christ exprime aussi sa détresse en citant le psaume 22: “Mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné…”. Mais avant de constater que la restauration de l’amitié de l’homme à Dieu est achevée, Jésus confie son apôtre Jean, et avec lui tous ses disciples, à Marie sa mère, et par là même il constitue une communauté faite de tous ceux qui croiront en lui.
La succession des dernières paroles du Christ sur la croix montre que le seul qui soit totalement innocent répond à toutes les formes de la misère humaine et inaugure la salut des hommes. La fin de ce même psaume 22 qui exprimait la déréliction du cœur humain (“mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné…”), entonné par Jésus annonce la victoire de la vie: “les malheureux mangeront et se rassasieront, ceux qui cherchent Dieu le célébreront. Que votre cœur vive pour toujours… On parlera du Seigneur à la génération future, quand elle viendra elle annoncera sa justice, elle annoncera son œuvre au peuple nouveau né.” |