Terres d'Evangile / Vie publique /Vocation et mission de saint Pierre

 
 
 L’assistance de Dieu
Pierre et ses successeurs ne sont pas vicaires du Christ en raison de leurs qualités, mais parce que n’étant que ses vicaires, le secours du Christ supplée à leurs défaillances.
 

Citations :Augustin (354-430), sermon sur la passion
Augustin (354-430), commentaire sur l’évangile de Jean 123
Ambroise de Milan, IVe siècle, Commentaire de l’évangile de Luc
Léon le grand, Ve siècle
Ambroise, IVe siècle, Traité sur l’Evangile de S.Luc 4, 68-70.72-77
Augustin (354-430), Sermon 43,5-6


 
Augustin (354-430), sermon sur la passion
Sachant il interroge, car le Seigneur savait que non-seulement Pierre l’aimait, mais encore qu’il l’aimait plus que les autres disciples.
Au moment de la mort du Seigneur, Pierre trembla et nia mais le Seigneur ressuscitant chassa de son cœur la crainte et y répandit l’amour. Lorsqu’il nia, il craignit la mort, mais le Seigneur une, fois ressuscité, que craindrait-il, trouvant la mort tuée en lui? “il lui dit: Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime.” Or, il confia ses brebis à Pierre confessant son amour. “il lui dit: Pais mes agneaux;” comme si Pierre ne pouvait montrer son amour pour le Christ qu’en étant un pasteur fidèle sous le prince de tous les pasteurs.
 


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Augustin (354-430), commentaire sur l’évangile de Jean 123
C’est-à-dire que “vous serez crucifié” et que pour en venir là, un autre te ceindra et te conduira où tu ne voudras pas. Il a d’abord dit le liait, et il dit maintenant la manière dont il aura lieu. Non-seulement il fut crucifié mais encore conduit, pour être crucifié, là oit il ne voulait point. En effet il -voulait être débarrassé de ce corps pour aller avec le Christ, mais si cela eût été possible, il aurait désiré la -vie éternelle sans passer par les tourments de la mort. C’est contre sa volonté qu’il fut traîné à ces tourments, mais c’est par sa volonté, qu’il a triomphé Ce sentiment, qui répugne à la mort est tellement inhérent à la nature que la vieillesse elle-même ne put pas en délivrer Pierre. Mais quelles que soient les angoisses de la mort, la force de -l’amour doit en triompher, l’amour pour celui qui, au moment qu’il était notre vie, voulut souffrir pour nous même la mort. D’ailleurs, si les angoisses de la mort n’étaient rien ou peu de chose, la gloire du martyre ne serait pas si considérable.
Ce renégat et ce coeur aimant eut cette manière de sortir du monde, que de donner sa vie avec un parfait amour pour celui avec lequel, par une précipitation coupable, il avait promis de donner sa vie. Il fallait d’abord que le Christ mourût pour le salut de Pierre; ce n’est qu’après que Pierre devait mourir pour répandre le nom du Christ.
 


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Ambroise de Milan, IVe siècle, Commentaire de l’évangile de Luc
Ceux que Jésus regarde pleurent leurs fautes. D’où il suit: “Pierre se ressouvint de, la parole que le Seigneur lui avait dite: Avant que le coq chante tu me renieras trois fois. Et, étant sorti il pleura amèrement” Pourquoi pleura-t-il? Parce qu’il était coupable; je lis qu’il a pleuré, je ne lis point qu’il se soit accusé; ses larmes effacent le péché qu’il avait honte d’avouer. Il renia une fois, deux fois, sans pleurer, parce que le Seigneur ne l’avait point encore regardé; il renia une troisième, Jésus le regarda et il pleura amèrement. Vous aussi, si vous voulez obtenir le pardon, effacez vos péchés par vos larmes.
 


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Léon le grand, Ve siècle
Sermon 41, 4-5

Dieu donc était dans le Christ se réconciliant Ie monde, et le Créateur portait lui-même sa créature pour refaire en elle l’image de son auteur; les miracles des œuvres divines étaient achevés, que l’esprit prophétique avait autrefois annoncés: “Alors s’ouvriront’ les yeux des aveugles et les oreilles des sourds entendront; alors le boiteux sautera comme le Cerf et la langue des muets sera redressée.” Jésus, sachant qu’était arrivé le temps d’accomplir sa glorieuse Pas sion, dit: “Mon âme est triste à en mourir”, et encore: “Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi.” Par ces paroles révélatrices d’une certaine crainte, il guérissait en les partageant les émotions de notre faiblesse et abolissait en s’y soumettant la peur du châtiment à subir. C’est donc en nous que le Seigneur tremblait de notre frayeur, en sorte que, prenant notre faiblesse et s’en revêtant, il habillât notre inconstance de la fermeté issue de sa force. Il était, en effet, venu du ciel en ce monde comme. un négociant riche et bienfaisant, et, par un admirable échange, avait conclu un marché salutaire, prenant ce qui était à nous, et accordant ce qui était à lui, donnant pour les opprobres l’honneur, pour les douleurs le salut, pour, la mort la vie; et lui qui, pour exterminer ses persécuteurs, pouvait avoir à son service plus de douze mille légions d’anges, aimait mieux subir notre effroi que faire usage de sa puissance.
Combien cette humilité fut profitable à tous les fidèles, le bienheureux apôtre Pierre l’éprouva le premier, lui qu’avait ébranlé de sa violente tempête l’assaut de la cruauté; par un brusque changement, il revint à lui et retrouva sa force; puisant le remède dans l’exemple, ce membre tremblant recouvra soudain la fermeté de sa tête. Le serviteur, en effet, ne’ pouvait être plus grand que le Seigneur, ni le disciple que le maître; et il n’aurait pu vaincre l’effroi de l’humaine fragilité, si le vainqueur de la mort n’avait d’abord tremblé. Le Seigneur donc regarda Pierre, et, au milieu des calomnies des prêtres, au milieu des mensonges des témoins, au milieu des injures de ceux qui le frappaient et le conspuaient, il rencontra son disciple ébranlé de ce regard qui avait vu à l’avance qu’il serait troublé - la Vérité pénétra en lui, pour l’examiner là où le cœur appelait la correction; c’était comme si je ne sais quelle voix du Seigneur s’y était fait entendre pour dire: “Où vas-tu, Pierre? Pourquoi te retirer en toi? Reviens à moi, aie confiance en moi, suis-moi: ce temps est celui de ma Passion, l’heure de ton supplice n’est pas encore venue. Pourquoi crains-tu ce que -tu surmonteras toi aussi?Ne te laisse pas déconcerter par la faiblesse que j’ai prise. Si moi j’ai tremblé, c’est en raison de ce que j’ai de toi, mais toi, sois sans crainte en raison de ce que tu tiens de moi.”
 


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Ambroise, IVe siècle, Traité sur l’Evangile de S.Luc 4, 68-70.72-77
“Et, montant dans une barque qui était à Simon, il le pria de s’écarter un peu du rivage.”
Du moment que le Seigneur accordait à beaucoup des guérisons de diverses sortes, ni temps ni lieu ne purent contenir l’empressement de la foule à se faire guérir. Le soir tombait, ils le suivaient; le lac était là, ils le pressaient. C’est pourquoi Il monte dans la barque de Pierre. C’est la barque qu’en S. Matthieu nous voyons encore agitée, (Mt 8,24), en S. Luc remplie de poissons : vous reconnaîtrez ainsi et les débuts agités de l’Eglise et, plus tard, sa fécondité; car les poissons représentent ceux qui se meuvent dans la vie. Là le Christ dort encore chez les disciples, ici Il commande : Il dort chez ceux qui tremblent, Il est éveillé chez les parfaits. Mais de quelle manière dort le Christ, vous l’avez entendu dire par le Prophète : “Je dors, et mon coeur veille”, (Cantique 5,2). Et saint Matthieu a bien fait de ne pas omettre la manifestation de la puissance éternelle, quand Il commande aux vents. Ce n’est pas science humaine - comme vous l’entendez dire aux Juifs : “D’un mot Il commande aux esprits” - mais marque de la majesté céleste quand la mer agitée s’apaise, quand les éléments obéissent à l’ordre de la voix divine, quand les objets insensibles acquièrent le sens de l’obéissance. Le mystère de la grâce divine se révèle quand les flots du monde s’apaisent quand une parole fait tenir coi l’esprit immonde; l’un ne contredit pas l’autre : les deux choses sont mises en valeur. Vous avez un miracle dans les éléments, vous avez un enseignement dans les mystères. S. Matthieu ayant donc pris sa part, S. Luc s’est adjugé la barque où Pierre devait pêcher. Celle qui a Pierre n’est pas agitée : est agitée celle qui a Judas : sans doute les multiples mérites des disciples y étaient embarqués, mais elle était encore agitée par la perfidie du traître. Dans l’une et l’autre, il y avait Pierre: mais, solide en ses mérites, il est agité par ceux d’autrui. Donc nulle agitation pour la barque où la prudence conduit, d’où est absente la perfidie, ayant pour pilote celui sur qui est fondée l’Eglise? Il y a donc agitation quand la foi est faible; sécurité quand la charité est parfaite. On ne dit qu’au seul Pierre: “Mène au large”, c’est-à-dire dans la haute mer des controverses. Y a-t-il profondeur comparable à la vue des profondes richesses, (Romains 11,33), à la connaissance du Fils de Dieu, à la proclamation de sa génération divine?
72 Mais quels sont les filets des Apôtres, que l’on ordonne de jeter ? N’est-ce pas l’enchaînement des paroles, les replis du discours, les profondeurs des discussions, qui ne laissent pas échapper ceux qu’elles ont pris ? Et il est bien que les instruments de pêche des Apôtres soient les filets, qui ne font point périr leur prise, mais la conservent et la retirent des abîmes à la lumière, qui transportent ceux qui flottaient des bas-fonds sur les hauteurs.
Il est encore pour les Apôtres une pêche d’un autre genre; ce genre de pêche, le Seigneur ne l’ordonne qu’au seul Pierre: “Jette l’hameçon, dit-Il, et prends le premier poisson qui remontera”, (Matthieu 17,26). Grande et spirituelle leçon, qui enseigne aux chrétiens la soumission au pouvoir souverain, afin que nul ne se permette d’enfreindre les édits d’un roi de la terre. Si le Fils de Dieu a payé le tribut, êtes-vous assez grand, vous, pour estimer n’avoir pas à le payer ? Même Lui, qui ne possédait rien, a payé le tribut; et vous, qui recherchez les profits de ce monde, pourquoi ne pas reconnaître les charges de ce monde ? pourquoi vous juger au-dessus du monde, dans l’arrogance de votre âme, quand vous êtes assujetti au monde par votre misérable cupidité ? Ainsi le didrachme est payé : c’était le prix de notre rachat et de notre corps, promis dans la Loi, (2 Rois 12,4), payé dans l’Evangile et trouvé non sans raison dans la bouche d’un poisson : car “c’est par votre bouche que vous serez justifié”, (Matthieu 12,37). Le prix de l’immortalité pour nous, c’est notre témoignage; car, ainsi qu’il est écrit : “La bouche rend témoignage pour le salut”, (Romains 10,10). Peut-être encore ce premier poisson est-il le premier martyr : il a dans sa bouche le didrachme, c’est-à-dire le montant de l’impôt; notre didrachme, c’est le Christ. Donc le premier martyr, qui est Etienne, avait ce trésor dans la bouche quand il parlait du Christ dans sa passion, (Actes des apôtres 7,55 ss).
Mais revenons au texte et apprenons l’humilité de l’Apôtre: “Maître, dit-il, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre; mais sur votre parole je vais jeter le filet”. Moi aussi, Seigneur, je sais que pour moi il fait nuit quand vous ne commandez pas. Ils n’avaient rien pris jusque là; à la voix du Seigneur ils capturent une grande multitude de poissons. Ce n’est pas l’oeuvre de l’éloquence humaine mais le bienfait de l’appel céleste. Trêve aux arguments humains: c’est par sa foi que le peuple croit.
Les filets se rompent et le poisson n’échappe point. On appelle à la rescousse les compagnons qui étaient dans l’autre barque. Quelle est cette barque ? peut-être la Judée, dans laquelle Jean et Jacques ont été choisis? car “la Judée est devenue son sanctuaire”, (Psaume 113,2). Ceux-ci donc viennent de la synagogue à la barque de Pierre, c’est-à-dire à l’Eglise, afin de remplir les deux nacelles. Car tous fléchissent le genou au nom de Jésus, (Philippiens 2,10), soit le Juif, soit le Grec: “le Christ est tout, et en tous”, (Colossiens, 3,11). Mais pour moi, je redoute cet entassement, et qu’ainsi remplies les barques ne soient près de couler: car il faut qu’il y ait des hérésies, (1 Corinthiens 11,19), pour l’épreuve des bons.
 


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Augustin (354-430), Sermon 43,5-6
Si le Christ avait choisi en premier lieu un orateur, l’orateur aurait pu dire: “J’ai été choisi pour mon éloquence”. S’il avait choisi un sénateur, le sénateur aurait pu dire: “J’ai été choisi à cause de mon rang”. Enfin, s’il avait choisi un empereur, l’empereur aurait pu dire: “J’ai été choisi en raison de mon pouvoir”. Que ces gens-là se taisent, qu’ils attendent un peu, qu’ils se tiennent tranquilles. Il ne faut pas les oublier ni les rejeter, mais les faire attendre un peu; ils pourront alors se glorifier de ce qu’ils sont en eux-mêmes.
“Donne-moi, dit le Christ, ce pêcheur, donne-moi cet homme simple et sans instruction, donne-moi cet homme simple et sans instruction, donne-moi celui avec qui le sénateur ne daigne pas parler, même quand il lui achète un poisson. Oui donne-moi cet homme. Certes, j’accomplirai aussi mon oeuvre dans le sénateur, l’orateur et l’empereur. Un jour viendra où j’agirai aussi dans le sénateur, mais mon action sera plus évidente dans le pêcheur. Le sénateur, l’orateur et l’empereur peuvent se glorifier de ce qu’ils sont: le pêcheur uniquement du Christ. Que le pêcheur vienne leur enseigner l’humilité qui procure le salut. Que le pêcheur passe en premier. C’est par lui que l’empereur sera plus aisément attiré”.
 


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  Documents associés : 
Lieu : 
Capharnaüm et Tabga
Texte de l'Evangile : 
Jean 1, 35-42
Matthieu. 4, 18-19
Luc 5, 1-8
Matthieu. 16, 17-18
Matthieu 16,22-23
Luc 24, 34
Jean 21, 15-19
Clés de Lecture : 
L’assistance de Dieu
Symboles : 
Le rocher
Expérience humaine : 
La confiance
Accomplissement des Ecritures : 
Le pasteur