|  Une gargouille de Notre-Dame La beauté des décors issus de l’abbaye de Cluny est rarement réaliste, elle évoque plus qu’elle ne représente, elle correspond à une forme d’intelligence qui se nourrit de poésie pour aller d’emblée au fond des réalités. Les gargouilles gothiques viennent de cette mentalité. Elles donnent une forme humoristique et parfois monstrueuse aux issues des gouttières et par là elles rendent compte de la folie et de la méchanceté humaine qui peuvent être tournées en bienfait par la Providence. Les murs de l’édifice seraient abîmés par l’eau dont les gargouilles les protègent, mais aux abords des cathédrales on manifeste la réalité difficile du monde dans lequel elles sont dressées.
Parfois la fantaisie de ces sculptures nous surprend comme saint Bernard qui reprochait aux monstres des églises romanes d’égarer les esprits loin de la vérité. En même temps, les mêmes artistes n’hésitent pas à sculpter sur les façades du plantin, de la chélidoine et toutes les plantes qui poussent dans les jardins de la ville. On est passé du symbole à la réalité, de l’intuition à l’observation, de la contemplation au raisonnement. Les deux modes d’approche du réel sont également valables, mais ils correspondent à des formes d’esprit différentes qui coexistent. |