|  La nécessité d’un porche respectueux des autres religions L’espace du narthex primitif s’est enrichi d’un décor de statues quand on a voulu faciliter l’accès des fidèles à la liturgie car le lieu du culte chrétien supposait un développement de la liturgie qui soit apparent depuis l’extérieur. Ce besoin d’initier les croyants au sens de la célébration était particulièrement important dans une ville qui abritait une importante communauté juive et des musulmans de passage. De religions différentes, ces gens partageaient pourtant bien des aspirations : tous ces fidèles avaient en commun l’expérience de la contradiction entre le fait d’exister et la précarité physique et morale de cette même existence. Ils étaient donc conduits à demander à un Dieu transcendant non seulement un sens à la vie, mais aussi le pardon des défaillances de la vie morale. En conséquence, il convenait que le décor du porche soit compréhensible par tous car il ne suffit pas d’aborder ces questions intellectuellement puisque l’expérience simultanée de l’existence et de la précarité est globale et ne peut trouver de réponse que dans la prière.
Chaque religion du Livre se réfère aux personnages des patriarches et des prophètes pour fonder sa proposition de la foi. L’espace de l’église gothique doit donc reproduire le plan de Dieu tel qu’en rendent compte les livres considérés par les fidèles comme inspirés. Voilà pourquoi sont représentés les personnages qui sont communs à l’enseignement du Coran et de la Bible (Abraham, Moïse, etc.). Ils se trouvent à l’entrée du sanctuaire, comme une introduction à la liturgie, la messe étant simultanément mémorial du passé et annonce du futur eschatologique. Il fallait que la disposition du porche en rende compte précisément en rappelant par son décor les événements de l’Ancien Testament qui annoncent ce mystère. |