Terres d'Evangile / Vie publique /La vocation de Matthieu

 
 
 Tout quitter pour le Christ
Faut-il être parfait pour suivre le Christ? En composant le groupe des douze apôtres, Jésus a choisi des gens de toute sorte et a réussi a en faire des amis, malgré leurs différences. Ils l’ont aimé au point qu’il devienne lui-même le ferment de leur unité et que les qualités des uns compensent les limites des autres. Sans lui ces hommes n’auraient jamais partagé la même vie
 
Citations :
 
Jean Chrysostome, IVe siècle, commentaire sur l’évangile de Matthieu 30, 1-2
Après avoir accompli ce miracle, Jésus n’est pas resté là, pour ne pas irriter davantage la jalousie des Juifs. Il se retire par égard pour eux, calmant ainsi leur passion. Nous aussi, faisons de même: Ne bravons pas nos ennemis, compatissons à leur misère, en leur cédant au lieu de leur résister. Mais pourquoi Jésus n’a-t-il pas appelé Matthieu en même temps que Pierre, Jean et les autres? De même qu’il est venu sur terre quand il a senti les hommes disposés à lui obéir, de même il a appelé Matthieu quand il a su qu’il le suivrait. C’est pour la même raison qu’il s’est attaché Paul seulement après la résurrection. Car, sondant les cœurs, pénétrant au plus intime de l’âme de chacun, il savait bien à quel moment chacun était disposé à le suivre. Si Matthieu n’a pas été appelé au commencement, c’est qu’il avait encore le cœur trop dur; mais après les nombreux miracles, quand la renommée de Jésus eut grandi, il était plus disposé à écouter le Maître, et Jésus le savait. Il convient aussi d’admirer la vertu de l’Apôtre, qui ne dissimule pas sa vie passée, qui conserve son nom alors que les autres l’ont caché, en le changeant. Mais pourquoi Matthieu dit-il qu’il était assis au bureau de la douane? C’est pour montrer la puissance de Celui qui l’a appelé, sachant vaincre sa résistance, l’arrachant à sa méchanceté et se l’attachant... Son métier était honteux, sans conscience; les profits qu’il en tirait n’avaient aucune excuse. Malgré tout cela, Jésus l’a appelé. Et pourquoi dire qu’il ne rougit pas d’appeler un publicain, puisqu’il n’a pas rougi de parler à une prostituée et lui a même permis de baiser ses pieds et de les arroser de larmes? Car s’il est venu, ce n’est pas seulement pour soigner les corps, mais encore pour guérir les âmes. C’est ce qu’il a fait pour le paralytique; après avoir clairement montré qu’il a la puissance de pardonner les péchés, il vient vers Matthieu, afin que les gens ne soient plus étonnés de le voir choisir un publicain comme disciple...
Après l’avoir appelé, Jésus lui fit le grand honneur de partager aussitôt sa table; il voulait aussi l’encourager pour l’avenir et augmenter sa confiance. Il n’est pas long à guérir son âme pécheresse; puis il, s’assied avec lui et beaucoup d’autres publicains; et pourtant on risque de l’accuser de fréquenter des pécheurs. Ses ennemis ne se cachent pas; ils surveillent tous ses actes. Les publicains viennent donc chez Matthieu, comme chez l’un des leurs, car Matthieu, tout heureux de la venue du Christ, les a tous invités... Voilà le publicain tout changé et devenu meilleur...
Rien n’arrête les Pharisiens; ils accusent Jésus en disant aux disciples: Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs? Que répond la Sagesse infinie? Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. Remarque comment Jésus a réfuté leurs paroles. Ils l’accusaient de fréquenter les publicains; Jésus leur répond qu’au contraire ne pas les fréquenter serait indigne de lui et de sa miséricorde; non seulement il ne mérite pas d’être critiqué en agissant ainsi, mais il doit absolument le faire et mérite des éloges.
 


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Jean Chrysostome, IVe siècle, commentaire sur l’évangile de Matthieu
Arrivé dans la région de Césarée de Philippe, Jésus posa à ses disciples cette question: Au dire des gens, qu’est le Fils de l’homme? Ce que voulait le Christ, c’était leur faire affirmer son incarnation; de là cette expression de “Fils de l’homme” par laquelle il désigne sa divinité, comme il fait souvent d’ailleurs. Les disciples lui répondirent: Pour les uns, il est Jean-Baptiste; pour les autres, Elie; pour d’autres encore, Jéremie ou quelqu’un des prophètes.
Cette opinion fausse clairement exposée, Jésus poursuit: Mais pour vous, qui suis-je? Il les invitait ainsi à avoir de lui une opinion plus exacte et leur laissait entendre que l’opinion précédente était bien inférieure à sa véritable dignité. Il leur demande donc un jugement différent; il les interroge de nouveau pour les éloigner des idées de la foule qui, après avoir vu s’accomplir des miracles supérieurs à la puissance de l’homme, estimait néanmoins Jésus un homme, et pas autre chose, un homme revenu d’entre les morts, comme le disait Hérode. C’est pour leur ôter pareilles idées que le Sauveur ajoute: “Mais pour vous, qui suis-je?” Pour vous, qui êtes toujours avec moi et qui avez vu mes prodiges, vous qui, grâce à moi, en avez fait un grand nombre. Que répond Pierre, la bouche des Apôtres? Pierre, toujours bouillant, toujours le chef de chœur des Apôtres, répond, quoique tous aient été interrogés. Quand Jésus leur demande ce que pensent les gens, ils répondent tous; mais quand il leur demande ce qu’ils pensent eux-mêmes, Pierre bondit et s’écrie: Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. Et le Christ de répondre: Tu es heureux, Simon, fils de Jonas, car cette révélation t’est venue non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les Cieux. Pourquoi donc Pierre est-il déclaré heureux? Parce qu’il a reconnu en Jésus le propre fils du Père. Aussi, alors qu’il n’a jamais rien dit de semblable au sujet des autres, Jésus désigne ici l’auteur de la révélation dont Pierre a été favorisé. Pour qu’on ne s’imagine pas, Pierre aimant ardemment le Christ, que ses paroles lui étaient inspirées par son affection et par la flatterie, par son désir de faire plaisir, Jésus désigne l’auteur de l’inspiration: Pierre a parlé, mais c’est le Père qui lui a dicté son langage...
Eh bien! moi je te dis: Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise. Sur cette pierre, c’est-à-dire sur ta foi que tu viens de montrer. Par ces paroles, Jésus annonce qu’un grand nombre d’hommes croiront un jour, il élève les pensées de Pierre et en fait le pasteur de son troupeau. Et les portes de l’Enfer ne tiendront pas contre elle. Mais si elles ne peuvent tenir contre elle, à plus forte raison contre moi, le Seigneur. Ne te trouble donc pas, lorsque tu apprendras que je vais être livré et crucifié. Le Sauveur lui accorde aussi un autre honneur: Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux: quoi que tu lies sur la terre, ce sera tenu dans les Cieux pour lié, et quoi que tu délies sur la terre, ce sera tenu dans les Cieux pour délié. Tu vois comment il conduit Pierre à avoir de son Maître une idée sublime et, tout en se révélant lui-même, démontre par cette double promesse sa qualité de Fils de Dieu. Ce qui n’appartient en propre qu’à Dieu: effacer les péchés, rendre l’Église stable malgré les flots dont elle sera battue, donner à ce simple pécheur une solidité plus grande que n’importe quel rocher, malgré les attaques de la terre entière, voilà ce qu’il lui promet...
 


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  Documents associés : 
Lieu : 
Capharnaüm
Texte de l'Evangile : 
Luc 5, 27-32
Clés de Lecture : 
Tout quitter pour le Christ
Expérience humaine : 
Le risque de la réponse à l’appel
Accomplissement des Ecritures : 
Universalité de l’Eglise