Terres d'Evangile / Miracles /La tempête apaisée

 
 
 Le Christ maître de la nature
Ce miracle oppose la puissance divine tranquille et immédiate au désarroi des flots. Sans recourir à la technique ou à la complexité des rituels magiques le Christ soumet les éléments et par là il annonce son combat et la victoire du Christ sur toutes les formes du mal et de la mort.
 
Citations :
 
Jean Chrysostome, IVe siècle
Commentaire de l’évangile de Matthieu 28, 2

Jésus renvoya la foule et prit avec lui ses disciples. Il ne l’a pas fait sans raison, mais dans un but précis: il voulait les rendre témoins du miracle qui allait avoir lieu. Comme un excellent maître, il leur a donné deux leçons à la fois: une de courage dans les difficultés, une d’humilité dans les honneurs. Il ne voulait pas qu’ils soient fiers de l’avoir vu renvoyer les autres pour les garder seuls avec lui; il désirait aussi les entraîner à supporter courageusement les difficultés: voilà pourquoi il a permis cette tempête... Jésus n’emmène donc avec lui que ses disciples. Lorsqu’il veut montrer ses miracles, il les fait devant la foule; mais quand il y a des dangers et des craintes, il ne prend que ses disciples, ces athlètes de l’univers qu’il veut éprouver et entraîner.
La tempête éclate donc, la mer est en furie. Les disciples réveillent Jésus en criant: Au secours, Seigneur, nous périssons! Et Jésus les blâme avant de calmer la mer. Car, comme je l’ai dit, c’est pour les exercer qu’il avait permis cette tempête et ce qui leur arrivait était l’image des tentations qu’ils allaient avoir à subir. Plus tard, en effet, avec la permission de Dieu, ils essuieront encore de fréquentes et dures tempêtes; et Jésus les soutiendra. Voilà pourquoi Paul disait: Nous ne voulons pas, frères, vous le laisser ignorer: la tribulation qui nous est survenue en Asie nous a accablés à l’extrême, au-delà de nos forces, à tel point que nous désespérions même de conserver la vie; mais il ajoutait aussitôt: c’est Dieu qui nous a tirés d’une pareille mort et nous en tirera (2 Co 1, 8, 10). Si Jésus blâme d’abord ses disciples, c’est qu’il veut nous montrer qu’il faut avoir confiance, même si les flots sont déchaînés, et qu’il prévoit tout pour nous.
C’est donc au moment où ils s’attendent à périr que les disciples sont sauvés; ainsi, la grandeur du danger leur montre la grandeur du miracle. Voilà pourquoi le Christ dort; car s’il avait été éveillé, ils n’auraient pas eu peur, ou ils ne l’auraient pas imploré, ou ils n’auraient pas pensé qu’il pouvait opérer pareil miracle. Son sommeil éveille leur peur et leur fait mieux sentir en quelle difficulté ils se trouvent. Nous ne voyons pas aussi bien ce qui se passe chez les autres que ce qui se passe en nous. Les disciples avaient vu une quantité de gens bénéficier des bienfaits de leur Maître; mais cela ne les avait pas touchés directement, eux qui n’étaient ni boiteux, ni infirmes. Il fallait donc qu’ils fissent eux-mêmes l’expérience de ses bienfaits; aussi Jésus a-t-il permis la tempête, pour qu’en la voyant apaisée ils se rendent compte de sa bonté.’ Mais il fait ce miracle loin de la foule, pour leur épargner le reproche d’avoir manqué de foi; il les reprend à l’écart et calme la tempête de leur esprit avant celle des flots, en leur disant: Pourquoi avezvous peur,, gens de peu de foi? Jésus nous apprend ainsi que la crainte vient non des tentations, mais de la faiblesse de notre âme... Les disciples furent dans l’admiration et dirent: Quel est cet homme, à qui les vents et la mer obéissent? Le Christ s’est laissé appeler homme; mais peu à peu, en opérant ses miracles, il leur montre leur erreur. Pourquoi l’ont-ils pris pour un homme? A le voir endormi dans la barque. Mais ils tombent dans l’étonnement et disent: “Quel est cet homme?”. Le sommeil et les apparences montraient un homme; mais la tempête apaisée révélait un Dieu.
 


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Augustin (354-430)
Sermon 63, 1-3

Le sommeil du Christ est le signe d’un mystère. Les occupants de la barque représentent les âmes qui traversent la vie de ce monde sur le bois de la croix. En outre, la barque est la figure de l’Eglise. Oui, tous les fidèles sont des temples où Dieu habite, et le coeur de chacun d’eux est une barque naviguant sur la mer: elle ne peut sombrer si l’esprit entretient des bonnes pensées. On t’a fait injure: c’est le vent qui te fouette; tu t’es mis en colère: c’est le flot qui monte. L’outrage a suscité en toi le désir de la vengeance. Et voici: tu t’es vengé, cédant ainsi sous la faute d’autrui, et tu as fait naufrage, pourquoi?, parce que le Christ s’est endormi en toi, c’est à dire tu as oublié le Christ. La tentation surgit: c’est le vent qui souffle; ton âme est troublée: c’est le flot qui monte. (Voir aussi Comm. in Ioann. 49,19).
 


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  Documents associés : 
Lieu : 
Le lac de Tibériade
Texte de l'Evangile : 
Marc 4, 35-41
Clés de Lecture : 
Le Christ maître de la nature
Symboles : 
Le bateau
Expérience humaine : 
L’impuissance face à la nature, sauf à s’entourer de moyens
Accomplissement des Ecritures : 
Le Christ assume l’autorité du Créateur et du Sauveur