Terres d'Evangile / Enseignement /Le Notre Père

 
 
 Le père du Christ est notre père
S’il n’était pas le Père du Christ, nous ne pourrions pas appeler en vérité Dieu “notre Père” sans commettre un blasphème. Mais si une telle familiarité est légitime, alors le sens de la vie change complètement et se résume à l’admiration pour Dieu: “Que ton nom soit sanctifié.”
 
Citations :
 
Augustin (354-430)
Du bien de la persévérance

Lorsque les saints disent: “Ne nous laissez pas induire en tentation,” que demandent-ils autre chose que leur persévérance en la sainteté? Il n’est aucun saint qui ne tienne de la libéralité de Dieu ce bienfait de la persévérance jusqu’à la fin, et il reconnaît qu’il le tient de lui en le lui demandant. D’ailleurs, il n’est personne qui se désiste de persévérer, si préalablement il n’est tenté. C’est afin que cela n’arrive pas que nous demandons à ne pas être induits en tentation, et si cela narrive pas, c’est que Dieu ne l’a pas permis; car il n’existe que ce qu’il fait ou ce qu’il permet. Ce n’est pas en vain que nous lui disons: “Ne nous induisez pas en tentation;” et il peut détourner nos volontés du mal vers le bien, convertir celui qui est tombé, et le ramener dans le sentier qui lui plait. Celui qui n’est pas victime de la tentation de sa volonté perverse n’a presque aucune tentation à redouter, car chacun est tenté par sa propre concupiscence. Dieu a donc voulu que nous le priions de ne pas nous laisser succomber à la tentation, lui qui pouvait nous accorder cela sans que nous le lui demandions; car il a voulu que nous sachions quel était l’auteur de ces bienfaits. Que l’Eglise fasse attention à ses prières de tous les jours: elle demande la conversion des infidèles, donc c’est de Dieu que vient la conversion à la foi; elle prie pour la persévérance des Mêles, c’est donc de Dieu que vient la persévérance jusqu’à la fin.
Mais délivrez-nous du mal. Ainsi soit-il.
Nous devons prier non-seulement pour éloigner de nous le mal à venir, mais encore pour être délivrés, celui dans lequel nous sommes tombés, et c’est pour cela que suivent ces mots: “Mais délivrez-nous du mal.”. Et cette dernière demande qui clôt l’Oraison dominicale, s’étend si loin que le chrétien, dans quelque tribulation qu’il se trouve, peut répandre en elle ses gémissements, et en elle ses larmes; c’est par elle que commence, c’est par elle que finit la prière. C’est pour cela que vient après le mot amen, expression du désir de celui qui prie.
 


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Ambroise de Milan, IVe siècle
Des Sacrements, 5

“Notre Père qui es aux cieux” Que signifie aux cieux? Ecoute l’Ecriture qui dit : “Le Seigneur et élevé au-dessus de tous les cieux”, (Psaume 112,4), et tu trouves partout que le Seigneur est au-dessus des cieux des cieux, comme si les anges n’étaient pas aussi aux cieux, comme si les dominations n’étaient pas aussi aux cieux. Mais aux cieux dont il est dit: “Les cieux racontent la gloire de Dieu”, (Psaume 18,2). Le ciel est là où a cessé la faute, le ciel est là où les crimes sont punis, le ciel est là où il n’y a aucune blessure de la mort.
“Notre Père, qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié.” Que signifie “soit sanctifié ?” Comme si nous souhaitions que soit sanctifié celui qui a dit: “Soyez saints parce que je suis saint”, (Lévitique 19,2), comme si notre parole pouvait accroître sa sainteté. Non, mais qu’il soit sanctifié en nous, afin que son action sanctifiante puisse parvenir jusqu’à nous.
“Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne arrive.” Comme si le règne de Dieu n’était pas éternel. Jésus dit: “J’y suis né”, (Jean 18,37), et tu dis : “Que ton règne arrive”, comme s’il n’était pas venu. Mais le règne de Dieu est arrivé quand vous avez obtenu la grâce. Car il dit lui-même: “Le règne de Dieu est en vous”, (Luc 17,21).
“Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien” Je me souviens de ce que je vous ai dit quand j’expliquais les sacrements. Je vous ai dit qu’avant les paroles du Christ, ce qu’on offre s’appelle pain; dès que les paroles du Christ ont été prononcées, on ne l’appelle plus du pain, mais on l’appelle corps. Pourquoi dans l’oraison dominicale qui suit immédiatement dit-il “notre pain”? Il dit pain, mais «epiousios» (en grec), c’est-à-dire substantiel. Ce n’est pas ce pain qui entre dans le corps, mais ce pain de vie éternelle qui réconforte la substance de notre âme. C’est pour cela que le grec l’appelle «epiousios». Le latin a appelé quotidien ce pain que les Grecs appellent “de demain”, parce que les Grecs appellent demain «ten epiousian hemeran». Ainsi donc ce que dit le latin et ce que dit le grec semblent également utiles. Le grec a exprimé les deux sens par un seul mot, le latin a dit quotidien.
S’il est quotidien, ce pain, pourquoi attendrais-tu une année pour le recevoir, comme les Grecs ont coutume de faire en Orient ? Reçois chaque jour ce qui doit te profiter chaque jour. Vis de telle manière que tu mérites de le recevoir chaque jour. Celui qui ne mérite pas de le recevoir chaque jour ne mérite pas de le recevoir après une année. Ainsi le saint Job offrait chaque jour un sacrifice pour ses fils, de peur qu’ils n’eussent commis quelque péché dans leur coeur ou en paroles, (Job 1,5). Toi donc, tu entends dire que chaque fois qu’on offre le sacrifice, on représente la mort du Seigneur, la résurrection du Seigneur, l’ascension du Seigneur, ainsi que la rémission des péchés, et tu ne reçois pas chaque jour le pain de vie ? Celui qui a une blessure cherche un remède. C’est une blessure pour nous d’être soumis au péché : le remède céleste, c’est le vénérable sacrement.
“Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien” Si tu le reçois chaque jour, chaque jour pour toi c’est aujourd’hui. Si le Christ est à toi aujourd’hui, il ressuscite pour toi aujourd’hui. Comment ? “Tu es mon Fils, aujourd’hui je t’ai engendré.”, (Psaume 2,7) Aujourd’hui, c’est quand le Christ ressuscite. “Il était hier et il est aujourd’hui”, (Hebreux 13,8), dit l’apôtre Paul. Mais il dit ailleurs “La nuit est passée, le jour est arrivé”, (Romains 13,12). La nuit d’hier est passée, aujourd’hui le jour est arrivé.
Voici la suite : “Remets-nous nos dettes comme nous les remettons à nos débiteurs.” Qu’est la dette, sinon le péché ? Si tu n’avais pas accepté d’argent d’un prêteur étranger, tu ne serais pas dans la gêne, et c’est pour cela qu’on t’attribue le péché. Tu as possédé l’argent avec lequel tu devais naître riche. Tu étais riche, fait l’image et la ressemblance de Dieu, (Genèse 1,26-27). Tu as perdu ce que tu possédais, c’est-à-dire, l’humilité, quand tu désires te venger de l’arrogance, tu as perdu ton argent, tu t’es fait nu comme Adam, tu as accepté du diable une dette qui n’était pas nécessaire. Et par là, toi qui étais libre dans le Christ, tu t’es fait le débiteur du diable. L’ennemi tenait ta garantie, mais le Seigneur l’a crucifiée et l’a effacée par son sang, (Colossiens 2,14-15). Il a supprimé ta dette, il t’a rendu la liberté.
C’est donc avec raison qu’il dit: “Et remets nous nos dettes comme nous les remettons à nos débiteurs”. Fais attention à ce que tu dis: “Remets-moi comme moi je leur remets.” Si tu remets, tu fais un juste accord pour qu’on te remette. Si tu ne remets pas, comment l’engages-tu à te remettre ?
“Et ne nous laisse pas induire en tentation mais délivre-nous du mal.” Fais attention à ce qu’il dit: “Et ne nous laisse pas induire en tentation à laquelle nous ne pouvons pas résister.” Il ne dit pas: “Ne nous induis pas en tentation” mais comme un athlète il veut une épreuve telle que l’humanité puisse la supporter et que chacun soit délivré du mal, c’est-à-dire, de l’ennemi, du péché.
Mais le Seigneur, qui a ôté votre péché et pardonné vos fautes, est capable de vous protéger et de vous garder contre les ruses du diable qui vous combat, afin que l’ennemi, qui d’habitude engendre la faute, ne vous surprenne pas. Mais qui se confie à Dieu rie craint pas le diable. Car si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? C’est donc à lui qu’appartiennent la louange et la gloire depuis toujours, maintenant et à jamais et dans les siècles des siècles. Amen.
 


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  Documents associés : 
Lieu : 
Eglise du Pater, Eleona
Texte de l'Evangile : 
Matthieu 6, 9-13
Luc 11, 1-4
Clés de Lecture : 
Le père du Christ est notre père
Symboles : 
Les Cieux
Expérience humaine : 
Dieu est père autrement que nous
Accomplissement des Ecritures : 
Du Dieu père d’Israël au père de Jésus Christ, de l’unicité à la trinité