Notre-Dame de Paris

Lutèce est née sur un ensemble d’îles, au milieu de la Seine et devint de ce fait un centre commercial animée par la batellerie. En effet, l’agglomération se trouvait à la croisée des routes qui traversaient l’Europe du nord au sud et de la voie fluviale qui reliait les îles de l’ouest, Angleterre et Irlande, au reste du continent. Il n’y a rien d’étonnant à ce que sa conquête ait intéressé les Romains. Sous l’empereur Tibère, les “Nautes” ou “Marchands de l’eau” élevèrent, au centre de l’île, un pilier en l’honneur des divinités celtes et aussi romaines dont ils espéraient la protection. Ce pilier est conservé au musée de Cluny mais son socle est demeuré sous le chœur de Notre-Dame.
Evangélisé dès le IIIe siècle par l’évêque Saint Denis et ses compagnons qui y moururent martyrs, le Paris mérovingien devenu capitale à l’initiative de Clovis fut pourvu dès le VIe siècle d’un ensemble cathédrale bâtie au centre de l’île. Il comprenait une église pour l’usage quotidien des prêtres dédiée à sainte Marie, une autre pour les réunions des fidèles consacrée à Saint Etienne, et un baptistère Saint Jean Le Rond près duquel Sainte Geneviève rassembla les Parisiens apeurés par l’invasion d’Attila, “ le fléau des Huns ”. Ce complexe fut tout à fait rénové au XIIe siècle quand l’évêque Maurice de Sully entreprit la construction de l’actuelle cathédrale. Il répondait ainsi au développement rapide de la ville et du centre épiscopale d’études si réputé qu’il devait devenir l’Université. En effet le centre commercial et politique qu’était Paris attirait les jeunes intellectuels juifs et musulmans d’Espagne et parfois d’Italie. Ces étudiants marqués par les travaux d’Averroès et de Maïmonide rencontraient les étudiants du Nord de l’Europe et formaient avec eux un centre de recherche très animé. La réponse des théologiens est comme imprimée dans l’architecture et l’iconographie de cette cathédrale qui est à la fois celle du royaume chrétien des Capétiens et celle d’une université en débat avec tous les courants de pensée de l’époque.
Maurice de Sully dédia ce nouvel édifice à la Vierge Marie sous le vocable de “ Notre Dame ” qui naît à cette époque de courtoisie pour dire la prière des chrétiens d’Occident. Ils s’adressent à Marie en l’appelant Dame comme font les chevaliers qui offrent leur tournois à la dame qui les a élus. Cette transformation des rapports entre hommes et femmes va de paire avec la pacification de l’Europe et c’est pourquoi l’Eglise en accepte les risques connexes de licence. La meilleure correction apportée par les clercs à ces risques c’est la dévotion mariale, parce que la Vierge a donné notre chair à Dieu Lui-même et que Jésus lui confia saint Jean et tous les hommes: “Mère voici ton fils” lorsqu’elle était au pied de la croix. C’est ici que le successeur de Maurice de Sully a repris les parole de l’ange pour composer notre “Je vous salue Marie”. On prit alors l’habitude de lui offrir un chapelet d’Ave comme les jeunes filles du Moyen Age couronnaient leur ami d’un chapelet de roses.