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 Marie mère de Jésus
Le privilèges reconnus en Marie ne sont pas le fruit d’un culte idolâtre, mais le développement de la foi en la divinité de son Fils.
 
Présupposés théologiques :
 
Marie mère de Dieu
L’époque carolingienne a associé à la dévotion envers la mère de Jésus une considération admirative sur sa qualité de mère de Dieu. C’est pourquoi les artistes ont commencé à couronner la jeune femme, à placer l’enfant de face, comme on faisait pour l’empereur et appelé cet ensemble Vierge de Majesté. L’époque romane assouplira la solennité de l’image sans pourtant prêter à la mère et à l’enfant les gestes spontanés que reprendront les images gothiques. Il paraît impossible à l’imagination de rendre ensemble la réalité historique de la naissance de l’enfant Jésus et le mystère de sa personne qui associe la nature humaine et la nature divine. Cette réalité inconcevable rejaillit sur le rôle de sa mère que le concile d’Ephèse a déclaré “mère de Dieu” en 431. Depuis des siècles la variété des tableaux qui relatent les Evangiles de l’enfance témoigne de l’impuissance des artistes à rendre le mystère de l’incarnation. L’esprit humain peut imaginer une jeune mère berçant ou présentant un bébé, mais rien ne trahit alors la foi en la divinité de l’enfant qui se livre aux hommes pour être le parfait miroir du Père. En rendant majestueuses à l’excès les deux images de la mère et de l’enfant quasi adulte, l’attention est attirée sur leur situation unique dans l’histoire, mais on ne les voit plus insérés parmi le commun des mortels.
L’alternance des figurations pour insister tantôt sur la divinité, tantôt sur l’humanité du Christ, répond à ce dilemme. Pourtant les petits vitraux qui relatent, au XIIIe siècle le début de la vie publique du Christ donnent à celui-ci et à sa mère des silhouettes ordinaires, si familières, qu’elles ne rendent pas compte de sa divinité. ouvrent une aperçu sur le mystère du Don de Dieu à l’humanité en soulignant le rôle unique de Marie: en acceptant de devenir la Mère du Messie annoncé par les prophètes, elle devient partenaire du dessein de Dieu qui a tellement aimé les hommes qu’Il les hausse bien au-dessus de leur condition de créature. Elle trône parce que le Créateur a confié à une femme, représentante de l’humanité comme Eve, de partager le choix de l’heure du salut.
Or, le théologien qui a suivi la composition du vitrail de Cana insiste encore, c’est Elle qui provoque le miracle. Le Christ soumet chacune de ses interventions à l’initiative immédiate de Dieu “Je fais toujours ce qui plaît à mon Père.” Jésus a refusé au Tentateur d’anticiper sur la volonté de son Père. Il ne multiplie pas les pains, alors qu’Il le fera plus tard au bord du lac (Jean VI, 1-15), car il attend une parole de son Père; Il refuse d’adorer le Prince du mensonge, car son royaume n’est pas de ce monde, ainsi qu’Il le dira à Pilate (Jean XVIII, 36-38); Il refuse de se jeter du haut du pinacle du temple alors qu’à Gethsémani il expliquera à saint Pierre: “Crois-tu que je ne puisse pas faire appel à mon Père qui mettrait aussi tôt à ma disposition douze légions d’anges?” (Matthieu XXVI, 53). Et voilà qu’à Cana, au moment de commencer sa Mission, alors qu’Il attend un signe de son Père “Mon heure n’est pas encore venue.” (Jean II,4), c’est Marie qui provoque le miracle: “Sa mère dit aux serviteurs: “Faites tout ce qu’Il vous dira” (Jean II,5), comme à Nazareth elle avait répondu à l’annonce de l’ange: “Que tout se passe pour moi selon votre parole”, décidant de l’instant de l’incarnation du Fils de Dieu. Quelle dignité Dieu rend-Il à l’humanité puisque c’est d’elle qu’il fait dépendre “l’heure du salut”!
On comprend pourquoi l’artiste a placé au-dessus d’elle une colombe figurant l’Esprit Saint, curieusement la tête de l’oiseau est nimbée d’une auréole cruciforme, c’est que l’Esprit Saint qui a fécondé Marie préparait en elle le corps du crucifié du Vendredi Saint. Parce qu’elle est la vraie mère de Jésus, la majesté dont elle est créditée ici exprime sa dignité et comment tous les privilèges qui sont associés à cette mission en dépendent. On s’étonne parfois des privilèges de la mère du Christ et on oublie les douleurs qui leur sont associées. Pour mettre miraculeusement au monde le nouvel Adam, elle a accepté la parole de l’ange, qui reprend plusieurs passages messianiques de l’Ancien Testament, qui annoncent les épreuves du serviteur souffrant.
Méditant sur ce mystère, les croyants du premier millénaire n’ont pas fait une idole de la jeune fille de Nazareth, mais le modèle de tous ceux qui se fient aveuglement à Dieu et partagent ainsi la bienveillance d’un Dieu qui ne se contente pas de “jeter les péchés derrière Lui” mais fait des créatures ses partenaires. “Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui entendent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique.” (Luc VIII,21)
 
Marie précipite le premier miracle de Jésus à Cana, Notre Dame de la Belle Verrière, XIIIe siècle
vitrail
Notre-Dame de Chartres

[ Chartres, France ]
Etonnement des convives de Cana, mais acte de foi des disciples, Notre Dame de la Belle Verrière, XIIIe siècle
vitrail
Notre-Dame de Chartres

[ Chartres, France ]
Les trois tentations du Christ, Notre Dame de la Belle Verrière, vitrail, XIIIe siècle

Notre-Dame de Chartres

[ Chartres, France ]
 

Liens associés :

L’Evangile des Noces de Cana
L’Evangile de la Tentation du Christ

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  Documents associés : 
Lieu : 
Cathédrale de Chartres
Description de l’image : 
Les différents éléments de la verrière de Notre-Dame
Symboles : 
La position de face
Citations : 
Saint Irénée
Saint Jean Chrysostome
Gauthier de Coincy
Plus ancienne prière à Marie, IV° s.
François Villon
Père Christian de Chergé